L’Indo-Pacifique s’impose désormais comme le centre de gravité stratégique du XXIème siècle. Dans cet espace dominé par la rivalité sino-américaine, la France revendique une légitimité singulière : celle d’une puissance européenne disposant de territoires ultramarins qui lui assurent une présence humaine, militaire et économique permanente ainsi que la deuxième zone économique exclusive mondiale.
Ces atouts structurent la stratégie française dans l’Indo-Pacifique, mais en révèlent également les limites : héritage colonial et nucléaire, moyens restreints, et attention politique fragmentée entre Europe et marges océaniques.
Cette thèse analyse les contradictions de cette stratégie, en s’appuyant sur l’étude des documents officiels, la littérature académique ainsi qu’un travail de terrain en Australie, partenaire central de l’architecture stratégique française.
L’objectif est de démontrer comment l’ambition française de s’imposer comme puissance d’équilibre se heurte à un déficit de continuité, à une concertation insuffisante avec les territoires ultramarins, et à une perception ambiguë de la part des partenaires internationaux.
Aussi, l’étude identifie des leviers de crédibilité tels que l’essor de la diplomatie environnementale ou la capacité à considérer les outre-mer comme des atouts géopolitiques majeurs.
Ce travail de recherche propose ainsi une lecture réaliste de la place de la France dans l’Indo-Pacifique : ni superpuissance ni spectatrice, mais une puissance moyenne dont l’influence dépendra de sa capacité à ajuster ses ambitions à ses moyens et à changer son image vis-à-vis de ses partenaires internationaux.
The Indo-Pacific has now emerged as the strategic center of gravity of the twenty-first century. In this space dominated by US-China rivalry, France asserts a unique legitimacy: that of a European power endowed with overseas territories, which secure for it a permanent human, military, and economic presence as well as the world’s second-largest Exclusive Economic Zone. These assets underpin France’s Indo-Pacific strategy, yet they also expose its limits: a colonial and nuclear legacy, restricted resources, and a political focus fragmented between Europe and its oceanic peripheries.
This dissertation analyzes the contradictions of this strategy by drawing on official documents, academic literature, and fieldwork conducted in Australia, a central partner in France’s strategic architecture.
Its aim is to demonstrate how France’s ambition to act as a balancing power collides with discontinuity, insufficient consultation with its overseas territories, and an ambiguous perception among international partners, often inclined to regard France as an external actor.
At the same time, the study identifies potential sources of credibility, such as the rise of environmental diplomacy and the ability to view overseas territories not as mere budgetary entries in Parisian accounts, but as major geopolitical assets.
This research thus offers a realist interpretation of France’s role in the Indo-Pacific: neither a superpower nor a bystander, but a middle power whose influence will depend on its ability to align ambitions with resources and to reshape its image among international partners.