Séminaire de recherche

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Le professeur Matteo Aria interviendra le 6 novembre à l'Auditorium à partir de 17h30

 

Longtemps caché ou relégué dans l’héritage d’un passé irrémédiablement éteint, le don a fait l'objet ces dernières décennies d’une redécouverte pluridisciplinaire qui a impliqué et enthousiasmé philosophes, critiques littéraires, économistes, sociologues, historiens et théologiens. Dans ce scénario, la capacité de la proposition maussienne à faire tenir ensemble des aspects souvent opposés est aujourd'hui un attrait récurrent pour les anthropologues.

 

Dans les contributions les plus récentes de l'anthropologie économique - des manifestes convivialistes défendus à plusieurs reprises par Alain Caillé (2014) au projet de « human economy » proposé par Keith Hart (2010 ; 2013), de la théorie de David Graeber (2011) sur le " communisme de la vie quotidienne ", aux perspectives de Stephen Gudeman (2001) sur le « sharing » retravaillées par Widlok (2017) et à la redécouverte de Georges Bataille par Michael Taussig (2010) - le don et le partage apparaissent comme des aspects constitutifs du présent et comme des catégories analytiques fertiles pour une compréhension plus profonde des relations humaines.
 


En phase avec les réflexions pionnières de Price (1975) sur les « économies de l'intime », ces modèles interprétatifs voient notamment dans la volonté de faire et de consommer ensemble, caractérisée par la mutualité, l'absence de calcul et de hiérarchie, la "matière première de la socialité (et) la reconnaissance de notre interdépendance fondamentale", ainsi que l'élément déterminant pour la construction et le maintien des communautés et des groupes. D'autre part, le don, la réciprocité et l'échange mercantile sont configurés comme des moments ultérieurs nécessaires pour s'ouvrir au monde extérieur et établir de nouvelles relations.


 
Textes de référence :
 

  • Aria, M. 2016, I doni di Mauss. Percorsi di antropologia economica, Roma, Cisu
  • Aria, M., 2020, Economie umane, economie intime. Né per Dio né per denaro, Lares, 2.
  • Aria, M., Dei, F., 2012, “Où se cache l'altruisme? Le système-sang et les associations en Italie”, in J. Charbonneau, N. Tran (a cura di), Le don de sang dans le monde : une réflexion sur l’altruisme, la solidarité et l’étranger, Rennes, Les Presses des Hautes études en santé publique, pp.113-130.
  • Caillé, A. 2014, 
  • Graeber, D., 2011, Debt, the Firsts 5000 years, New York, Melville House
  • Gudeman, S: 2001, The Anthropology of Economy. Community, Market and Culture, Oxford, Blackwell.
  • Hart, K. 2013, 2013, Manifesto for a Human Economy, http://thememorybank.co.uk/ 2013/01/20/object-methods-and-principles-of-human-economy/
  • Hart, K., Laville, J.L., Cattani, A.D. (a cura di), 2010, The Human Economy. A Citizen’s Guide, Cambridge, Malden, Polity Press.
  • Mauss, M., 1924, “Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques", L’Année Sociologique, 1 (1923-1924), p. 30-186, poi in M. Mauss, 1950, Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF, p. 143-279.
  • Price 1975
  • Taussig, M., 2010, “The Sun Give without Receiving: A Reinterpretation of Devil Stories”, in The Devil and Commodity Fetishism in South America. Thirtieth
  • Anniversary Edition with a New Chapter by the Author, Chapel Hill, University of North Carolina Press, p. 235-266.
  • Weiner, A., 1992  Inalienable Possessions: The Paradox of Keeping-While-Giving, Berkeley, University of California Press.
  • —, 1994, “Cultural Difference and the Density of Objects”, American Ethnologist, 21 (2), p. 391-403
  • Widlok, T. (2021) 2023. “Sharing”. In The Open Encyclopedia of Anthropology, edited by Felix Stein. Facsimile of the first edition in The Cambridge Encyclopedia of Anthropology. Online: http://doi.org/10.29164/21sharing